Le groupe Partouche règle ses affaires devant les tribunaux contre le Service Central des Courses et JeuxC’est une histoire tout à fait inédite où l’un défend son honneur et l’autre, son professionnalisme. Suite à l’affaire de la perquisition du mois de mars dans son casino de Cannes, le groupe Partouche a décidé de porter plainte contre le commissaire Philippe Ménard, chef du Service Central des Courses et Jeux (SCCJ). En cause, la gestion de la communication autour de l’affaire par le patron du service de régulation, jugée diffamatoire et fort préjudiciable par les dirigeants du groupe casinotier français. Les deux parties étaient entendues ce mardi 16 octobre, devant la 17e chambre correctionnelle du nouveau Palais de justice de Paris.

Petit rappel des faits

Le 11 mars dernier, l’équipe du SCCJ procède à une perquisition au Casino de Cannes. Le service de contrôle enquête alors depuis plusieurs semaines sur des activités illégales mettant en cause certains responsables de l’établissement. L’opération conduit à l’arrestation de deux d’entre eux qui seront mis en examen par la suite pour abus de biens sociaux au détriment de l’établissement. Jusque-là tout va bien… sauf que la descente de police a été filmée par un journaliste de M6 qui en fait l’un de ses sujets du JT du soir. Pour les dirigeants de Partouche, la chaîne de télévision a forcément été rencardée par l’un des membres de l’équipe du SSCJ. Mais ce n’est pas tout ! Au plein cœur de la déferlante médiatique consécutive à l’affaire, Philippe Ménard, commissaire en chef du service, donne une interview à France Bleu. Particulièrement volubile, il fait alors cas de détournements de fonds et affirme que l’établissement encoure une fermeture administrative. Pour les dirigeants du groupe Partouche, c’est la sortie de trop ! Après avoir déposé une plainte contre X pour violation du secret de l’instruction, ils portent également plainte contre le patron du SCCJ pour diffamation. Une situation totalement inédite, d’autant plus que la procédure judiciaire concernant les faits à l’origine de ces deux plaintes est encore en cours.

Pas de quartier

Ce sont deux camps bien décidés à en découdre qui se sont présentés ce mardi 17 octobre, devant le juge de la 17e chambre correctionnelle du nouveau Palais de justice de Paris. D’un côté, Fabrice Paire, Président du directoire du groupe Partouche, et de l’autre, Philippe Ménard, patron du SCCJ, le gendarme du secteur. Défendant son intégrité et son professionnalisme le commissaire Ménard a tenu à réaffirmer toute son impartialité dans l’affaire. S’il y a eu « tuyautage », ce n’est pas de son fait, a-t-il affirmé, en somme. Quant à son interview sur France Bleu, elle n’était, selon lui, nullement destinée à porter préjudice au groupe Partouche. Abondant dans le même sens que son client, Maître Thibault de Montbrial, avocat du défendeur, a par ailleurs ajouté que tout portait à croire que l’objectif final du groupe Partouche est de faire perdre son poste à l’actuel chef du SCCJ.

Du côté de Partouche, on évoque l’affaire de la fronde des syndicats de casinos portée à l’époque par l’avocat du groupe. Un affront que l’actuel patron du SCCJ serait en train de vouloir faire payer à l’entreprise. A cet effet, Fabrice Paire et son avocate n’ont pas manqué de rappeler à la cour, les effets financiers désastreux qu’ont eu cette communication. Suite aux évènements, le cours de l’action a en effet plongé, faisant perdre 65 millions de capitalisation au groupe en quelques jours.

Rendez-vous le 18 décembre 2018 pour le verdict

Le groupe CCC qui assure la gestion du casino perquisitionné et le groupe Partouche ont demandé chacun, la somme de 10 000 €, représentant des dommages et intérêts. Philippe Ménard et son avocat, ont quant à eux, demandé une relaxe pure et simple assortie de 5 000 € d’indemnités, jugeant la procédure abusive. La cour devrait donner son verdict, le 18 décembre prochain.